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SOUVENIRS

monde civilisé. Une partie de son admiration aurait pu s’arrêter sur un tableau du Guide, et son bon goût aurait dû réprouver ceux qui, voulant restaurer cette église gothique, en ont fait un monument pitoyable.

Nous fûmes logés à Girgenti chez des religieux dominicains, qui ne nous reçurent pas de trop bonne grâce ; ils se seraient crus plus assurés du prix de leurs messes avec des Anglais. « Le una gran bella natione », me disait le prieur. « Il est impossible, ajoutait-il, que Dieu ne lui fasse pas miséricorde, et ne lui tienne pas compte dans l’autre monde de toute la dépense qu’elle fait dans celui-ci. » Au reste, l’affection des Siciliens pour la nation anglaise s’explique par tout le bien que celle-ci leur a fait, par les avantages qu’ils ont trouvés dans son alliance et dans le séjour des troupes britanniques en Sicile.

Je fus en revanche comblé de prévenances par monsignor Ciantri Panetieri ; ce savant ecclésiastique possède une collection de vases grecs. J’ai vu chez lui le torse d’une statue en marbre pentélique, du travail le plus admirable : il pourrait être dû au même ciseau que notre Vénus de Milo ;