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infinie d’eaux, de tel côté & de tel sens qu’on voulait, qu’on s’y pouvoit arrêter sans mouvement au milieu des flots émus, qu’on étoit maître de la vitesse avec laquelle on allait, qu’enfin cette mer, quelque vaste qu’elle fût, n’étoit point un obstacle à la communication des peuples, pourvu seulement qu’il y eût des peuples au-delà, vous pouvez compter qu’ils ne l’eussent jamais cru. Cependant voilà un beau jour le spectacle du monde le plus étrange & le moins attendu qui se présente à eux. De grands corps énormes qui paraissent avoir des ailes blanches, qui volent sur la mer, qui vomissent du feu de toutes parts, & qui viennent jeter sur le rivage des gens inconnus, tout écaillés de fer, disposant comme ils veulent de monstres qui courent sous eux, & tenant en leur main des foudres dont ils terrassent tout ce qui leur résiste. D’où sont-ils venus ? Qui a pu les amener par-dessus les mers ?