Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’un philosophe dans un système se met au centre du monde, s’il peut. Il est bien aise que tout soit fait pour lui ; il suppose peut-être sans s’en apercevoir ce principe qui le flatte, et son cœur ne laisse pas de s’intéresser à une affaire de pure spéculation. Franchement, répliqua-t-elle, c’est là une calomnie que vous avez inventée contre le genre humain. On n’aurait donc jamais dû recevoir le système de Copernic, puisqu’il est si humiliant. Aussi, repris-je, Copernic lui- même se défiait-il fort du succès de son opinion. Il fut très longtemps à ne la vouloir pas publier. Enfin il s’y résolut, à la prière de gens très considérables ; mais aussi le jour qu’on lui apporta le premier exemplaire imprimé de son livre, savez-vous ce qu’il fit ? il mourut. Il ne voulut point essuyer toutes les contradictions qu’il pré voyait, et se tira habilement d’affaire. Ecoutez, dit la Marquise, il faut rendre justice à tout le monde. Il est