Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

volera pas fort bien quelque jour ? J’avoue pourtant qu’il n’y a pas beaucoup d’apparence. Le grand éloigne ment de la Lune à la Terre seroit encore une difficulté à surmonter, qui est assurément considérable ; mais quand même elle ne s’y rencontreroit pas, il ne seroit pas possible de passer de l’air de l’une dans l’air de l’autre. L’eau est l’air des poissons, ils ne passent jamais dans l’air des oiseaux, ni les oiseaux dans l’air des poissons ; ce n’est pas la distance qui les en empêche, c’est que chacun a pour prison l’air qu’il respire. Nous trouvons que le nôtre est mêlé de vapeurs plus épaisses & plus grossières que celui de la Lune. À ce compte, un habitant de la Lune qui seroit arrivé aux confins de notre monde se noieroit dès qu’il entreroit dans notre air, & nous le verrions tomber mort sur la Terre.

Oh, que j’aurois d’envie, s’écria la