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que pour de très faibles crépuscules, et peut-être n’y pourraient-ils pas distinguer les objets, et la chaleur à laquelle ils sont accoutumés est si excessive, que celle qu’il fait ici au fond de l’Afrique les glacerait. Apparemment notre fer, notre argent, notre or se fondroient chez eux, et on ne les y verroit qu’en liqueur, comme on ne voit ici ordinairement l’eau qu’en liqueur, quoi qu’en de certains temps ce soit un corps fort solide. Les gens de Mercure ne soupçonneroient pas que dans un autre monde ces liqueurs-là, qui font peut-être leurs rivières, sont des corps des plus durs que l’on connoisse. Leur année n’est que de trois mois. La durée de leur jour ne nous est point connue, parce que Mercure est si petit et si proche du Soleil, dans les rayons duquel il est presque toujours perdu, qu’il échappe à toute l’adresse des astronomes, et qu’on n’a pu encore avoir assez de prise sur lui, pour observer le mouvement qu’il doit avoir sur son centre ; mais ses habitants ont besoin qu’il achève ce tour en peu de temps ; car apparemment brûlés comme ils sont par un grand poële ardent suspendu sur leurs têtes, ils soupirent après la nuit. Ils sont éclairés pendant ce temps-là de Vénus, et de la Terre qui leur doivent paraître assez grandes. Pour les autres planètes, comme elles sont au-delà