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Alors je lui appris l’histoire naturelle des abeilles, dont elle ne connoissoit guère que le nom. Après quoi, vous voyez bien, poursuivis-je, qu’en transportant seulement sur d’autres planètes des choses qui se passent sur la nôtre, nous imaginerions des bizarreries, qui paraîtroient extravagantes, et seroient cependant fort réelles, et nous en imaginerions sans fin, car, afin que vous le sachiez, Madame, l’histoire des insectes en est toute pleine. Je le crois aisément, répondit-elle. N’y eût-il que les vers à soie, qui me sont plus connus que n’étoient les abeilles, ils nous fourniroient des peuples assez surprenants, qui se métamorphoseroient de manière à n’être plus du tout les mêmes, qui ramperoient pendant une partie de leur vie, et voleroient pendant l’autre, et que sais-je moi ? cent mille autres merveilles qui feront les différens caractères, les différentes coutumes de tous ces habitants inconnus. Mon imagination travaille sur le plan que vous m’avez donné, et je vais même jusqu’à leur composer des figures. Je ne vous les pourrois pas décrire, mais je vois pourtant quelque chose. Pour ces figures-là, répliquai-je, je vous conseille d’en laisser le soin aux songes que vous aurez cette nuit. Nous verrons demain s’ils vous auront bien servie, et s’ils vous auront appris comment sont faits les habitants de quelque planète.