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en pluies. Mais ces mêmes vapeurs, et ces mêmes exhalaisons se tiennent quelquefois assez dispersées pour être imperceptibles, et ne se ramassent qu’en formant des rosées très subtiles, qu’on ne voit tomber d’aucune nuée. Je suppose donc qu’il sorte des vapeurs de la lune ; car enfin il faut qu’il en sorte ; il n’est pas croyable que la lune soit une masse dont toutes les parties soient d’une égale solidité, toutes également en repos les unes auprès des autres, toutes incapables de recevoir aucun changement par l’action du soleil sur elles ; nous ne connoissons aucun corps de cette nature, les marbres mêmes n’en sont pas ; tout ce qui est le plus solide change et s’altère, ou par le mouvement secret et invisible qu’il a en lui-même, ou par celui qu’il reçoit de dehors. Mais les vapeurs de la lune ne se rassembleront point autour d’elle en nuages, et ne retomberont point sur elle en pluies, elles ne formeront que des rosées. Il suffit pour cela que l’air dont apparemment la lune est environnée en son particulier, comme notre terre l’est du sien, soit un peu différent de notre air, et les vapeurs de la lune un peu différentes des vapeurs de la terre, ce qui est quelque chose de plus que vraisemblable. Sur ce pied-là, il faudra que, la matière étant disposée dans la lune autrement que sur la terre, les effets soient