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et qui soient habités aussi ; mais après tout, s’inquiète de tout cela qui veut. Ceux qui ont des pensées à perdre, les peuvent perdre sur ces sortes de sujets ; mais tout le monde n’est pas en état de faire cette dépense inutile.

J’ai mis dans ces Entretiens une femme que l’on instruit, et qui n’a jamais ouï parler de ces choses-là. J’ai cru que cette fiction me serviroit et à rendre l’Ouvrage plus susceptible d’agrément, et à encourager les Dames par l’exemple d’une femme qui, ne sortant jamais des bornes d’une personne qui n’a nulle teinture de science, ne laisse pas d’entendre ce qu’on lui dit, et de ranger dans sa tête sans confusion les Tourbillons et les Mondes. Pourquoi des femmes céderoient-elles à cette marquise imaginaire, qui ne conçoit que ce qu’elle ne peut se dispenser de concevoir ?

À la vérité, elle s’applique un peu, mais qu’est-ce ici que s’appliquer ? Ce n’est pas pénétrer à force de méditation une chose obscure d’elle-même, ou expliquée