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ce qu’il y a d’irrégulier dans les planètes, ne vient que de la diverse manière dont notre mouvement nous les fait rencontrer, et qu’au fond elles sont toutes très réglées. Je consens qu’elles le soient, dit la Marquise, mais je voudrois bien que leur régularité coûtât moins à la Terre, on ne l’a guère ménagée, et pour une grosse masse aussi pesante qu’elle est, on lui demande bien de l’agilité. Mais, lui répondis-je, aimeriez-vous mieux que le Soleil, et tous les autres astres qui sont de très grands corps, fissent en vingt-quatre heures autour de la Terre un tour immense, que les étoiles fixes qui seroient dans le plus grand cercle, parcourussent en un jour plus de vingt-sept mille six cent soixante fois deux cent millions de lieues ? Car il faut que tout cela arrive, si la Terre ne tourne pas sur elle-même en vingt-quatre heures. En vérité, il est bien plus raisonnable qu’elle fasse ce tour, qui n’est tout au plus que de neuf mille lieues. Vous voyez bien que neuf mille lieues, en comparaison de l’horrible nombre que je viens de vous dire, ne sont qu’une bagatelle.

Oh ! répliqua la Marquise, le Soleil et les astres sont tout de feu, le mouvement ne leur coûte rien ; mais la Terre ne paraît guère portative. Et croiriez-vous, repris-je, si vous n’en aviez l’expérience, que ce fût quelque chose de