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repris-je, de deviner comment toutes les parties de l’univers devoient être arrangées, et c’est là ce que les savans appellent faire un système. Mais avant que je vous explique le premier des systèmes, il faut que vous remarquiez, s’il vous plaît, que nous sommes tous faits naturellement comme un certain fou Athénien dont vous avez entendu parler, qui s’étoit mis dans la fantaisie que tous les vaisseaux, qui abordoient au port de Pirée, lui appartenoient. Notre folie à nous autres, est de croire aussi que toute la nature, sans exception, est destinée à nos usages ; et quand on demande à nos philosophes, à quoi sert ce nombre prodigieux d’étoiles fixes, dont une partie suffiroit pour faire ce qu’elles font toutes, ils vous répondent froidement qu’elles servent à leur réjouir la vue. Sur ce principe on ne manqua pas d’abord de s’imaginer qu’il falloit que la terre fût en repos au centre de l’univers, tandis que tous les corps célestes qui étoient faits pour elle, prendroient la peine de tourner alentour pour l’éclairer. Ce fut donc au dessus de la Terre qu’on plaça la Lune ; et au-dessus de la Lune on plaça Mercure, ensuite Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter, Saturne. Au-dessus de tout cela étoit le ciel des étoiles fixes. La Terre se trouvoit justement au milieu des cercles que décrivent ces planètes, et ils étoient d’autant