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de pourvoir par un moyen général aux besoins de toutes les autres planètes, qui seront, pour ainsi dire, plus pures, et dont les évaporations seront plus subtiles. Nous sommes peut-être ceux d’entre tous les habitants des mondes de notre tourbillon à qui il falloit donner à respirer l’air le plus grossier et le plus épais. Avec quel mépris nous regarderoient les habitants des autres planètes, s’ils savoient cela !

Ils auroient tort, dit la Marquise, on n’est pas à mépriser pour être enveloppé d’un air épais, puisque le Soleil lui-même en a un qui l’enveloppe. Dites-moi, je vous prie, cet air n’est-il point produit par de certaines vapeurs que vous m’avez dites autrefois qui sortoient du Soleil, et ne sert-il point à rompre la première force des rayons, qui auroit peut-être été excessive ? Je conçois que le Soleil pourroit être naturellement voilé, pour être plus proportionné à nos usages. Voilà, Madame, répondis-je, un petit commencement de système que vous avez fait assez heureusement. On y pourroit ajouter que ces vapeurs produiroient des espèces de pluies qui retomberoient dans le Soleil pour le rafraîchir, de la même manière que l’on jette quelquefois de l’eau dans une forge dont le feu est trop ardent. Il n’y a rien qu’on ne doive