Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/145

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vraiment, dit la Marquise, je vois les mondes bien éloignés d’y pouvoir prétendre. Je ne leur ferois seulement pas l’honneur de les comparer à ce jardinier qui dure tant à l’égard des roses, ils ne sont que comme les roses même qui naissent et qui meurent dans un jardin les unes après les autres ; car je m’attends bien que s’il disparaît des étoiles anciennes, il en paraît de nouvelles, il faut que l’espèce se répare. Il n’est pas à craindre qu’elle périsse, répondis-je. Les uns vous diront que ce ne sont que des Soleils qui se rapprochent de nous, après avoir été long-temps perdus pour nous dans la profondeur du ciel. D’autres vous diront que ce sont des Soleils qui se sont dégagés de cette croûte obscure qui commençoit à les environner. Je crois aisément que tout cela peut être, mais je crois aussi que l’univers peut avoir été fait de sorte qu’il s’y formera de temps en temps des Soleils nouveaux. Pourquoi la matière propre à faire un Soleil ne pourra-t-elle pas, après avoir été dispersée en plusieurs endroits différens, se ramasser à la longue en un certain lieu, et y jeter les fondemens d’un nouveau monde ? J’ai d’autant plus d’inclination à croire ces nouvelles productions qu’elles répondent mieux à la haute idée que j’ai des ouvrages de la nature. N’aurait-elle le