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délicatesse que vous estimez tant, n’est qu’une espère de rétribution orgueilleuse : on ne veut rien devoir.

JULIETTE DE GONZAGUE.

Hé bien donc, je conviens que la vanité est nécessaire.

SOLIMAN.

Vous la blâmiez tant tout-à-l’heure ?

JULIETTE DE GONZAGUE.

Oui, celle dont je parlais ; mais j’approuve fort celle-ci. Avez-vous de la peine à concevoir que les bonnes qualités d’un homme tiennent à d’autres qui sont mauvaises, et qu’il serait dangereux de le guérir de ses défauts ?

SOLIMAN.

Mais on ne sait a quoi s’en tenir. Que faut-il donc penser de la vanité ?

JULIETTE DE GONZAGUE.

À un certain point, c’est vice ; un peu en deça, c’est vertu.


DIALOGUE II.

PARACELSE, MOLIÈRE.


MOLIÈRE.

N’y eut-il que votre nom, je serais charmé de vous, Paracelse ! On croirait que vous seriez quelque Grec ou quelque Latin, et on ne s’aviserait jamais de penser que Paracelse était un philosophe suisse.

PARACELSE.

J’ai rendu ce nom aussi illustre qu’il est beau. Mes ouvrages sont d’un grand secours à tous ceux qui veulent entrer dans les secrets de la nature, et surtout à