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l’admiration sont assez tranquilles ; il n’y a que l’amour qui soit impétueux.

MARGUERITE D’ÉCOSSE.

Vous êtes devenu libertin depuis votre mort ; car non-seulement pendant votre vie vous parliez un autre langage sur l’amour, mais vous mettiez en pratique les idées sublimes que vous en aviez conçues. N’avez-vous pas été amoureux d’Arquéanasse de Colophon, lorsqu’elle était vieille ? Ne fîtes-vous pas ces vers pour elle ?

L’aimable Arquéanasse a mérité ma foi.
   Elle a des rides ; mais je voi
Une troupe d’amours se jouer dans ses rides.
Vous qui pûtes la voir avant que ses appas
Eussent du cours des ans reçu ces petits vides,
   Ah ! que ne souffrîtes-vous pas ?

Assurément cette troupe d’amours, qui se jouaient dans les rides d’Arquéanasse, c’étaient les agrémens de son esprit que l’âge avait perfectionnés. Vous plaigniez ceux qui l’avaient vue jeune, parce que sa beauté avait fait des impressions trop sensibles sur eux, et vous aimiez en elle le mérite qui ne pouvait être détruit par les années.

PLATON.

Je vous suis trop obligé de ce que vous voulez bien interpréter si favorablement une petite satire que je fis contre Arquéanasse, qui croyait me donner de l’amour à l’âge qu’elle avait. Mes passions n’étaient point si métaphysiques que vous pensez, et je puis vous le prouver par d’autres vers que j’ai faits. Si j’étais encore vivant, je ferais la même cérémonie que je fais faire à