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avis, vous avez plus d’intérêt qu’un autre qu’il soit vrai. S’il se trouvait des plaisirs nouveaux, vous consoleriez-vous jamais de n’avoir pas été réservé pour vivre dans les derniers temps où vous eussiez profité des découvertes de tous les siècles ? Pour les connaissances nouvelles, je sais que vous ne les envierez pas à ceux qui les auront.

APICIUS.

J’entre dans votre sentiment, il favorise mes inclinations plus que je ne croyais. Je vois que ce n’est pas un grand avantage que les connaissances, puisqu’elles sont abandonnées à ceux qui veulent s’en saisir, et que la nature n’a pas pris la peine d’égaler sur cela les hommes de tous les siècles ; mais les plaisirs sont de plus grand prix. Il y aurait eu trop d’injustice à souffrir qu’un siècle en pût avoir plus qu’un autre, et par cette raison, le partage en a été égal.


DIALOGUE IV.

PLATON, MARGUERITE D’ÉCOSSE.


MARGUERITE D’ÉCOSSE.

Venez à mon secours, divin Platon ; venez prendre mon parti, je vous en conjure.

PLATON.

De quoi s’agit-il ?

MARGUERITE D’ÉCOSSE.

Il s’agit d’un baiser que je donnai avec assez d’ardeur à un savant homme[1] fort laid. J’ai beau dire encore à présent pour ma justification ce que je dis alors,

  1. Alain Chartier.