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comme il leur donne des lunettes pour mieux voir ; et alors je les tiendrais bien payés des soins que la philosophie leur coûte : car enfin, à quoi sert-elle, si elle ne fait des découvertes ? et qu’a-t-on affaire de découvertes, si ce n’est sur les plaisirs ?

GALILÉE.

Il y a long-temps que l’on a fait cette plainte.

GALILÉE.

Mais puisque la raison fait quelquefois des acquisitions nouvelles, pourquoi les sens n’en feront-ils pas aussi ? Il serait bien plus important qu’ils en fissent.

GALILÉE.

Ils en vaudraient beaucoup moins. Ils sont si parfaits, qu’ils ont trouvé d’abord tous les plaisirs qui les pouvaient flatter. Si la raison trouve de nouvelles connaissances, il faut l’en plaindre ; c’est qu’elle était naturellement très imparfaite.

GALILÉE.

Et les rois de Perse, qui proposaient de grandes récompenses à ceux qui inventeraient de nouveaux plaisirs, étaient-ils fous ?

GALILÉE.

Oui ; je suis assuré qu’ils ne se sont pas ruinés à ces sortes de récompenses. Inventer de nouveaux plaisirs ! Il eût fallu auparavant faire naître dans les hommes de nouveaux besoins.

GALILÉE.

Quoi ! chaque plaisir serait fondé sur un besoin ? J’aimerais autant abandonner l’un pour l’autre. La nature ne nous aurait donc rien donné gratuitement ?

GALILÉE.

Ce n’est pas ma faute. Mais vous qui condamnez mon