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grin a toujours eu la honte de ne pouvoir entrer chez, moi par tous les chemins qu’il s’était faits.

SÉNÈQUE.

Je suis ravi de vous entendre parler ainsi. À votre langage seul, je vous reconnaîtrais pour un grand stoïcien. Et n’étiez-vous pas l’admiration de votre siècle ?

SCARRON.

Oui, je l’étais. Je ne me contentais pas de souffrir mes maux avec patience, je leur insultais par les railleries. La fermeté eût fait honneur à un autre, mais, j’allais jusqu’à la gaieté.

SÉNÈQUE.

Ô sagesse stoïcienne ! tu n’es donc pas une chimère, comme on se le persuade ! Tu te trouves parmi les hommes, et voici un sage que tu n’avais pas rendu moins heureux que Jupiter même. Venez, que je vous présente à Zénon et à nos autres stoïciens ; je veux qu’ils voient le fruit des admirables leçons qu’ils ont données au monde.

SCARRON.

Vous m’obligerez beaucoup, de me faire connaître à des morts si illustres.

SÉNÈQUE.

Comment vous nommerai-je à eux ?

SCARRON.

Scarron.

SÉNÈQUE.

Scarron ? Je connais ce nom là. N’ai-je pas ouï parler de vous à plusieurs modernes qui sont ici ?

SCARRON.

Cela se peut.