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principalement de la vivacité de l’imagination; or les hommes peuvent avoir amassé en peu de siècles un petit nombre de vues, et la vivacité de l’imagination n’a pas besoin d’une longue suite d’expériences, ni d’une grande quantité de règles pour avoir toute la perfection dont elle est capable. Lais la physique, la médecine, les mathématiques, sont composées d’un nombre infini de vues, et dépendent de la justesse du raisonnement, qui se perfectionne avec une extrême lenteur, et se perfectionne toujours; il faut même souvent qu’elles soient aidées par des expériences que le hasard seul fait naître, et qu’il n’amène pas à point nommé. Il est évident que tout cela n’a point de fin, et que les derniers physiciens ou mathématiciens devront naturellement être les plus habiles.

Et en effet, ce qu’il y a de principal dans la philosophie, et ce qui de là se répand sur tout, je veux dire la manière de raisonner, s’est extrêmement perfectionné dans ce siècle; je doute fort que la plupart des gens entrent dans la remarque que je vais faire; je la ferai cependant pour ceux qui se connaissent en raisonnements, et je puis me vanter que c’est avoir du courage que de s’exposer pour l’intérêt de la vérité à la critique de tous les autres, dont le nombre n’est assurément pas méprisable. Sur quelque matière que ce soit, les anciens sont assez sujets à ne pas raisonner dans la dernière perfection. Souvent de faibles convenances, de petites similitudes, des jeux d’esprit peu solides, des discours vagues et confus passent chez eux pour des preuves, aussi rien ne leur coûte à prouver; mais ce qu’un ancien démontrait en se jouant, donnerait à l’heure qu’il est bien de la peine à un