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qui immortalisera son nom, que les distances sont comme les racines cubiques des carrés des révolutions. Ce rapport ne fut tiré d’aucun principe connu d’ailleurs, ni même adapté à rien d’établi : ce n’est qu’un simple fait qui n’a pu résulter que d’un nombre affreux de calculs très embarrassés ; et par là même il pouvait légitimement être suspect ; mais toutes les observations de tous les astronomes se sont toujours accordées a le confirmer. C’est déjà une loi fondamentale du ciel.

D’un autre côté, Huyghens a très ingénieusement découvert l’expression de la loi de la force centrifuge, adoptée pareillement de tout le monde, mais parce qu’elle était prouvée bien géométriquement.

Enfin, le fameux livre de Newton est entièrement fondé sur le principe des attractions en raison inverse des carrés des distances, principe qui s’accordait avec la règle de Képler, et par conséquent ne pouvait être combattu par les faits ou les observations astronomiques.

Mais comme les Cartésiens avaient les attractions en horreur, et qu’ils se flattaient de les avoir bannies pour jamais, ils attaquèrent le système newtonien, et firent voir qu’en appliquant aux corps célestes les forces centrifuges de Huyghens, et en les supposant en équilibre entre eux, il en naissait nécessairement la règle de Képler, et même le principe fondamental du livre de Newton, pourvu seulement qu’on veuille bien appeler force centrifuge ce qu’il appelait attraction. Je ne puis m’empêcher de dire ici, quoique sans nécessité, que la règle de Képler, démontrée géométriquement, et par les premières idées, me parait une chose d’un grand prix.