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tellement à la mode, car il y en a aussi même chez ceux qui pensent, et il a pris, ou tant d’autorité, ou tant de vogue, qu’il mérite d’être attaqué directement et dans toutes les formes.

Ses plus zélés partisans ne disconviennent pas que l’attraction ne soit inintelligible ; mais ils disent que l’impulsion l’est aussi, parce que nous n’avons pas une idée nette de ce que le choc fait passer du corps mu dans le corps en repos. Il est vrai que nous n’avons pas cette idée bien claire ; mais nous voyons très clairement que si le corps A mu choque le corps B en repos, il arrivera quelque chose de nouveau ; ou A s’arrêtera, ou il retournera en arrière, ou il poussera B devant lui. Donc, l’impulsion ou le choc aura nécessairement un effet quelconque ; mais de ce que A et B sont tous deux en repos à quelque distance que ce soit l’un de l’autre, il ne s’ensuit nullement qu’ils doivent aller l’un vers l’autre, ou s’attirer. On ne voit là la nécessité d’aucun effet ; au contraire, on en voit l’impossibilité. Cela met une différence infinie entre ce qui reste d’obscurité dans l’idée de l’impulsion, et l’obscurité totale qui enveloppe celle de l’attraction.


II.

La matière ne se meut point par elle-même, et il n’y a qu’un être étranger et supérieur à elle qui puisse la mouvoir. Tout mouvement est une action de Dieu sur la matière ; et il n’est pas étonnant que nous n’ayons pas une idée claire de cette action prise en elle-même ; mais nous avons une idée très claire de ses effets. Je vois que la force que Dieu imprime à la matière,