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130.Dans les petites machines des animaux, l’inspiration ne dure qu’un temps fort court, et l’expiration un autre temps égal. Mais il ne serait nullement impossible qu’il y eût un animal dont l’inspiration et l’expiration durassent chacune un quart-d’heure, une demi-heure, etc. Cela n’a point de bornes, et il semble qu’il ne faudrait qu’augmenter à proportion les organes et la machine de l’animal. Du moins est-il certain que, quand notre tourbillon serait terminé à Saturne, ce qui pourrait bien n’être pas, un espace de trois cent millions de lieues ne sera pas traversé en peu de temps : il en faudra d’autant plus, que ces jets de matière étrangère dans notre tourbillon, n’y peuvent pénétrer, sans combattre et sans surmonter un mouvement très rapide de sa matière propre.

131.Cela même pourrait faire naître quelque difficulté ; mais on y répondrait suffisamment par l’exemple des grosses rivières qui pénètrent dans la mer, lors même que son mouvement est le plus contraire au leur, et qui y forment des courans bien sensibles et bien marqués dans l’étendue de quelques lieues.

132.On ne peut imaginer ces jets de matière étrangère, que comme étant d’un assez gros volume, et du moins dans la proportion des courans des rivières à la mer où ils entrent. Mais nous ne proposons jusqu’à présent que de simples conjectures sur la communication des tourbillons étrangers avec le nôtre ; et il faut attendre la connaissance de quelques faits bien constatés, pour arriver à quelque chose de moins vague et de plus déterminé. Qu’il nous soit permis cependant de suivre notre hypothèse jusqu’où elle peut aller, et de voir quel est son degré de vraisemblance.