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des interstices, peut en pomper assez pour devenir égal à l’autre, et l’équilibre est rétabli.

126.Il suit de là que la matière éthérée des interstices des tourbillons peut n’être pas oisive et inutile au tout.

127.Il y a un second cas. Un tourbillon qui en touche un autre, ne peut tendre à s’agrandir, sans tendrt en même temps à jeter de sa matière propre dans ce voisin ; et si cette tendance se réduit en acte, le plus fort s’affaiblit donc, et le plus faible se fortifie d’autant ; et l’équilibre qui avait été rompu, se retrouve par la cause même qui l’avait rompu, tant la nature a été attentive et ingénieuse à le conserver.

128.On peut donc imaginer que l’univers, autant qu’il nous est connu, est un amas de grands ballons, de grands ressorts bandés les uns contre les autres, qui s’enflent et se désenflent, et ont une espèce de respiration et d’expiration successives, analogues à celle des animaux ; ce qui fera la vie de ce grand corps immense.

Il se pourrait même que ce que nous appelons ici la vertu élastique des corps, que nous observons fort en petit, fût quelque chose de tout pareil ; mais ce n’est pas le temps d’en parler.

129.Le plein ne permet pas que les tourbillons s’enflent tous, ou se désenflent tous en même temps ; il faut nécessairement que les uns s’enflent, tandis que les autres se désenflent, et cela avec toute la précision possible ; mais on voit bien que c’est le plein même qui la cause. De plus, il se peut fort bien qu’un même tourbillon s’enfle d’un côté, et se désenfle du côté opposé : le tourbillon qui le touche à l’est, sera plus fort que lui ; et celui qui le touche à l’ouest, plus faible.