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ce qui fait le cercle presque parfait. Aussi les orbites de Mercure et de Venus sont-elles, à cet égard, les deux extrêmes ; et entre elles sont celles de Mars, de Saturne, de Jupiter, de la terre, ainsi rangées selon l’ordre de leur ellipticité décroissante. On entend bien que l’ellipticité générale du tourbillon solaire vient de la compression inégale des tourbillons environnans, et qu’il suffit, pour cet effet, que cette compression soit une simple tendance, dont il ne s’ensuivrait aucune action, aucun mouvement ; mais il n’en va pas de même des ellipticités différentes des planètes ; et il faut aller plus loin pour en entrevoir la cause.

125.Il faut se représenter les tourbillons environnans en nombre indéfini, grands et petits, ronds, ou à peu près ; et à cause de cette figure et du plein, leurs interstices doivent être remplis de matière éthérée, qui apparemment y sera moins agitée que si elle avait son mouvement entièrement libre dans un seul tourbillon, comme le nôtre. Ce grand amas de tourbillons, et le nôtre y est compris, ont chacun leur force expansive particulière, différente, si l’on veut, de celle de tout autre ; ils tendent tous à s’agrandir, et s’en empêchent tous réciproquement, du moins pendant quelque temps ; mais il serait presque impossible que, dans un très grand nombre de combats particuliers, l’équilibre parfait ne fût à la fin rompu en quelque endroit. Un tourbillon quelconque se sera étendu, en absorbant quelque portion de cette matière éthérée des interstices moins agitée ; et dès-lors le voilà devenu plus fort que tel autre tourbillon voisin, qui auparavant ne lui cédait pas ; mais dans le même temps le tourbillon voisin, moins gêné par une moindre quantité de matière