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hommes ont eue de bonne heure, à laquelle ils n’ont guère ajouté, et qu’ils ne passeront guère, s’ils la passent. Ils ont cette obligation à la nature, qu’elle leur a inspiré fort promptement ce qu’ils avaient besoin de savoir ; car ils étaient perdus, si elle eût laissé à la lenteur de leur raison à le chercher. Pour les autres choses qui ne sont pas si nécessaires, elles se découvrent peu à peu, et dans de longues suites d’années.

HERVÉ.

Il serait étrange, qu’en connaissant mieux l’homme, on ne le guérit pas mieux. À ce compte, pourquoi s’amuserait-on à perfectionner la science du corps humain ? Il vaudrait mieux laisser là tout.

ÉRASISTRATE.

On y perdrait des connaissances fort agréables ; mais pour ce qui est de l’utilité, je crois que découvrir un nouveau conduit dans le corps de l’homme, ou une nouvelle étoile dans le ciel, est bien la même chose. La nature veut que dans de certains temps, les hommes se succèdent les uns aux autres par le moyen de la mort ; il leur est permis de se défendre contre elle jusqu’à un certain point : mais passé cela, on aura beau faire de nouvelles découvertes dans l’anatomie, on aura beau pénétrer de plus en plus dans les secrets de la structure du corps humain, on ne prendra point la nature pour dupe, on mourra comme à l’ordinaire.


DIALOGUE VI.

COSME II DE MÉDICIS, BÉRÉNICE.


COSME DE MÉDICIS.

Je viens d’apprendre de quelques savans, qui sont