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ne s’agissait point de nouveaux conduits, ni de nouveaux réservoirs ; ce qu’il y avait de plus important à connaître dans le malade, c’était le cœur.

HERVÉ.

Il n’est pas toujours question du cœur, et tous les malades ne sont pas amoureux de leur belle-mère, comme Antiochus. Je ne doute point, que faute de savoir que le sang circule, vous n’ayez laissé mourir bien des gens entre vos mains.

ÉRASISTRATE.

Quoi ! vous croyez vos nouvelles découvertes fort utiles ?

HERVÉ.

Assurément.

ÉRASISTRATE.

Répondez donc, s’il vous plaît, à une petite question que je vais vous faire. Pourquoi voyons-nous venir ici tous les jours autant de morts, qu’il en soit jamais venu ?

HERVÉ.

Oh ! s’ils meurent, c’est leur faute ; ce n’est plus celle des médecins.

ÉRASISTRATE.

Mais cette circulation du sang, ces conduits, ces canaux, ces réservoirs, tout cela ne guérit donc de rien ?

HERVÉ.

On n’a peut-être pas encore eu le loisir de tirer quelque usage de tout ce qu’on a appris depuis peu ; mais il est impossible qu’avec le temps on n’en voie de grands effets.

ÉRASISTRATE.

Sur ma parole, rien ne changera. Voyez-vous, il y a une certaine mesure de connaissances utiles, que les