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confirme les unes, et déclare les autres de viles flatteries.

AUGUSTE.

Vous conviendrez donc du moins que je méritais les louanges que j’ai reçues, puisqu’il est sûr que la postérité les a ratifiées par son jugement. J’ai même en cela quelque sujet de me plaindre d’elle ; car elle s’est tellement accoutumée à me regarder comme le modèle des princes, qu’on les loue d’ordinaire en me les comparant, et souvent la comparaison me fait tort.

PIERRE ARÉTIN.

Consolez-vous, on ne vous donnera plus ce sujet de plainte. De la manière dont tous les morts qui viennent ici parlent de Louis XIV, qui règne aujourd’hui en France, c’est lui qu’on regardera désormais comme le modèle des princes, et je prévois qu’à l’avenir, on croira ne les pouvoir louer davantage, qu’en leur attribuant quelque rapport avec ce grand roi.

AUGUSTE.

Hé bien, ne croyez-vous pas que ceux à qui s’adressera une exagération si forte, l’écouteront avec plaisir ?

PIERRE ARÉTIN.

Cela pourra être. On est si avide de louanges, qu’on les a dispensées et de la justesse, et de la vérité, et de tous les assaisonnemens qu’elles devraient avoir.

AUGUSTE.

Il paraît bien que vous voudriez exterminer les louanges. S’il fallait n’en donner que de bonnes, qui se mêlerait d’en donner ?

PIERRE ARÉTIN.

Tous ceux qui en donneraient sans intérêt. Il n’appartient qu’à eux de louer. D’où vient que votre Vir-