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Ces grandes sectes de philosophes, contraires aux oracles, durent leur faire un tort plus essentiel que celui de les réduire à la prose. Il n’est pas possible qu’ils n’ouvrissent les yeux à une partie des gens raisonnables, et qu’à l’égard du peuple même ils ne rendissent la chose un peu moins certaine qu’elle n’était auparavant. Quand les oracles avaient commencé à paraître dans le monde, heureusement pour eux la philosophie n’y avait point encore paru.

CHAPITRE VII

Dernières causes particulières de la décadence des oracles.

La fourberie des oracles était trop grossière pour n’être pas enfin découverte par mille différentes aventures.

Je conçois qu’on reçut d’abord les oracles avec avidité et avec joie, parce qu’il n’était rien de plus commode que d’avoir des dieux toujours prêts à répondre sur tout ce qui causait de l’inquiétude ou de la curiosité. Je conçois qu’on ne dut renoncer à cette commodité qu’avec beaucoup de peine, et que les oracles étaient de nature à ne devoir jamais finir dans le paganisme, s’ils n’eussent pas été la chose la plus impertinente du monde ; mais enfin, à force d’expérience, il fallut bien s’en désabuser.

Les prêtres y aidèrent beaucoup par l’extrême hardiesse avec laquelle ils abusaient de leur faux ministère. Ils croyaient avoir mis les choses au point de n’avoir besoin d’aucun ménagement.

Je ne parle point des oracles de plaisanteries qu’ils