Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/375

Cette page n’a pas encore été corrigée

joie qu’il avait de voir arriver de si grandes merveilles sous notre empereur Antonin. »

Les deux autres guérisons sont moins surprenantes. : ce n’était qu’une pleurésie et une perte de sang, désespérées l’une et l’autre, à la vérité ; mais le dieu avait ordonné à ses malades des pommes de pin avec du miel, et du vin, avec de certaines cendres, qui sont des choses que les incrédules peuvent prendre pour de vrais remèdes.

Ces inscriptions, pour être grecques, n’en ont pas été moins faites à Rome. La forme des lettres et l’orthographe ne paraissent pas être de la main d’un sculpteur grec. De plus, quoiqu’il soit vrai que les Romains faisaient leurs inscriptions en latin, ils ne laissaient pas d’en faire quelques-unes en grec, principalement lorsqu’il y avait pour cela quelque raison particulière. Or, il est assez vraisemblable qu’on ne se servit que de la langue grecque dans le temple d’Esculape, parce que c’était un dieu grec, et qu’on avait fait venir de Grèce pendant cette grande peste, dont tout le monde sait l’histoire.

Cela même nous fait voir que cet oracle d’Esculape n’était pas d’institution romaine, et je crois qu’on trouverait aussi à la plupart des oracles d’Italie une origine grecque, si l’on voulait se donner la peine de ta chercher.

Quoi qu’il en soit, le petit nombre d’oracles qui étaient en Italie, et même à Rome, ne fait qu’une exception très peu considérable à ce que nous avons avancé. Esculape ne se mêlait que de la médecine et n’avait nulle part au gouvernement. Quoiqu’il sût rendre la vue aux aveugles, le sénat ne se fût pas fié à lui pour la moindre affaire. Parmi les Romains, les particuliers