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païens, et ce titre et l’habit de cette dignité, qu’on leur allait offrir, selon la coutume, à leur avènement à l’empire ; mais que Gratien refusa l’équipage pontifical, et que quand on le rapporta aux pontifes, le premier d’entre eux dit tout en colère : « Si princeps non vult appellari pontifex, admodum brevi pont if ex Maximum fiet » [1] . C’est une pointe attachée aux mots latins et fondée sur ce que Maxime se révoltait alors contre Gratien pour le dépouiller de l’empire.

Mais un témoignage plus irréprochable sur ce chapitre-là que celui de Zosime, c’est celui des inscriptions. On y voit le titre de souverain pontife donné à des empereurs chrétiens ; et même dans le sixième siècle, deux cents ans après que le christianisme était monté sur le trône, l’empereur Justin, parmi toutes ses autres qualités, prend celle de souverain pontife dans une inscription qu’il avait fait faire pour la ville de Justinopolis, en Istrie, à laquelle il donnait son nom.

Être un des dieux d’une fausse religion, c’est encore bien pis que d’en être le souverain pontife. Le paganisme avait érigé les empereurs romains en dieux ; et pourquoi non ? Il avait bien érigé la ville de Rome en déesse. Les empereurs Théodose et Arcadius, quoique chrétiens, souffrent que Symmaque, ce grand défenseur du paganisme, les traite de votre divinité, ce qu’il ne pouvait dire que dans le sens et selon la coutume des païens ; et nous voyons des souscriptions en l’honneur d’Arcadius et d’Honorius qui portent : Un tel dévoué à leur divinité et à leur majesté.

Mais les empereurs chrétiens ne reçoivent pas seulement ces titres, ils se les donnent eux-mêmes. On ne voit autre chose dans les constitutions de Théodose,