Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/362

Cette page n’a pas encore été corrigée

dansent avec toute la liberté imaginable. À Canope, il y a sur le canal une infinité d’hôtelleries qui servent à retirer ces voyageurs et à favoriser leurs divertissements. »

Aussi le sophiste Eunapius, païen, paraît avoir grand regret au temple de Sérapis et nous en décrit la fin malheureuse avec assez de bile. Il dit que des gens qui n’avaient jamais entendu parler de la guerre se trouvèrent pourtant fort vaillants contre les pierres de ce temple, et principalement contre les riches offrandes dont il était plein ; que dans ces lieux saints on plaça des moines, gens infâmes et inutiles, qui, pourvu qu’ils eussent un habit noir et malpropre, prenaient une autorité tyrannique sur l’esprit des peuples ; et que ces moines, au lieu des dieux que l’on voyait par les lumières de la raison, donnaient à adorer des têtes de brigands punis pour leurs crimes, qu’on avait salées afin de les conserver. C’est ainsi que cet impie traite les moines et les reliques. Il fallait que la licence fût encore bien grande du temps qu’on écrivait de pareilles choses sur la religion des empereurs. Rufin ne manque pas de nous marquer qu’on trouva le temple de Sérapis tout plein de chemins couverts et de machines disposées pour les fourberies des prêtres. Il nous apprend, entre autres choses, qu’il y avait à l’orient du temple une petite fenêtre par où entrait à certain jour un rayon du soleil qui allait donner sur la bouche de Sérapis. Dans le même temps on apportait un simulacre du soleil, qui était de fer, et qui, étant attiré par de l’aimant caché dans la voûte, s’élevait vers Sérapis. Alors, on disait que le soleil saluait ce Dieu ; mais quand le simulacre de fer retombait et que le