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toutes les parties de son corps et tâchait à n’en pas laisser tomber une goutte ailleurs que sur lui. Ensuite, il sortait de là hideux à voir, tout souillé de ce sang, ses cheveux, sa barbe, ses habits tout dégouttants ; mais aussi il était purgé de tous ses crimes et régénéré pour l’éternité, car il paraît positivement, par les inscriptions, que ce sacrifice était pour ceux qui le recevaient une régénération mystique et éternelle.

Il fallait le renouveler tous les vingt ans, autrement il perdait cette force qui s’étendait dans tous les siècles à venir.

Les femmes recevaient cette régénération aussi bien que les hommes. On y associait qui l’on voulait, et, ce qui est encore plus remarquable, des villes entières la recevaient par députés.

Quelquefois on faisait ce sacrifice pour le salut des empereurs. Des provinces faisaient leur cour d’envoyer un homme se barbouiller, en leur nom, de sang de taureau pour obtenir à l’empereur une longue et heureuse vie. Tout cela est clair par les inscriptions.

Nous voici enfin, sous Théodose et ses fils, à la ruine entière du paganisme.

Théodose commença par l’Égypte, où il fit fermer tous les temples. Ensuite, il alla jusqu’à faire abattre celui de Sérapis, le plus fameux de toute l’Égypte

Selon Strabon, il n’y avait rien de plus gai dans toute la religion païenne que les pèlerinages qui se faisaient à Sérapis. « Vers le temps de certaines fêtes, dit-il, on ne saurait croire la multitude de gens qui descendent sur un canal d’Alexandrie à Canope où est ce temple. Jour et nuit, ce ne sont que bateaux pleins d’hommes et de femmes qui chantent et qui