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il serait impossible que la rotation extérieure et la circulation intérieure ne s’altérassent mutuellement. On voit assez l’infinité de cas moyens qui naîtraient de la combinaison de ces principes : mais dans ceux mêmes où la rotation et la circulation seraient fort différentes, un autre principe empêcherait que cela ne pût subsister long-temps. C’est l’extrême différence qu’il y aurait toujours entre la masse du petit tourbillon et la masse du grand, conspirante tout entière à donner au petit, jusques dans son intérieur, la direction d’occident en orient. Le petit tourbillon de Jupiter est le seul auquel nous puissions appliquer cette considération. Qu’on en prenne le demi-diamètre, en le poussant même au-delà du quatrième satellite, et qu’on le compare au demi-diamètre du tourbillon solaire, qui est au moins de trois cent millions de lieues, et l’on verra quelle sera l’énorme différence des cercles, ou des sphères formées sur ces deux demi-diamètres. Aussi la rotation et la circulation du tourbillon de Jupiter ont-elles à très peu près la même direction que le tourbillon solaire.

89.En ce cas là même où le grand tourbillon changerait entièrement la direction propre et originaire du petit, ce changement ne porterait que sur cette direction, et non sur la vitesse de la circulation du petit, si ce n’est que dans le temps où le changement s’opérerait, il arriverait quelque légère perte de vitesse aux deux tourbillons ; mais cela fait, le petit pourrait conserver une vitesse de circulation intérieure, fort différente de celle du grand. Il suffira que sa force expansive totale soit égale à celle d’un volume égal de matière éthérée dans l’endroit du grand tourbillon où il sera placé. Tous les mouvemens les plus violens