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dans le cirque et les Muses Héliconides dans le palais, furent exposés aux railleries de tout le monde. »

L’oracle de Delphes se releva pourtant encore une fois. L’empereur Julien l’envoya consulter sur l’expédition qu’il méditait contre les Perses. Si l’oracle de Delphes a été plus loin, du moins nous ne pouvons pas pousser plus loin son histoire. Il n’en est plus parlé dans les livres ; mais, en effet, il y a bien de l’apparence que c’est là le temps où il cessa, et que ses dernières paroles s’adressèrent à l’empereur Julien, qui était si zélé pour le paganisme. Je ne sais pas trop bien comment de grands hommes ont pu mettre Auguste en la place de Julien, et avancer hardiment que l’oracle de Delphes avait fini par la réponse qu’il avait rendue à Auguste sur l’enfant hébreu.

Quelques auteurs modernes, qui ont trouvé cet oracle digne d’une fin éclatante, lui en ont fait une. Ils ont lu dans Sozomène et dans Théodore ! que, sous Julien, le feu avait pris au temple d’Apollon, qui était dans un faubourg d’Antioche, appelé Daphné, sans qu’on eût pu découvrir l’auteur ou la cause de cet incendie ; que les païens en accusaient les chrétiens, et que les chrétiens l’attribuaient à un foudre lancé de la main de Dieu. À la vérité, Théo-doret dit que le tonnerre était tombé sur ce temple, mais Sozomène n’en parle point. Ces modernes se sont avisés de transporter cet événement au temple de Delphes, qui était fort éloigné de là, et de dire que, par une juste vengeance de Dieu, les foudres l’avaient renversé au milieu d’un grand tremblement de terre. Ce tremblement de terre, dont ni Sozomène ni Théodoret ne parlent dans l’incendie même de Daphné, a été mis là pour