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m’en faut pas davantage ; ce n’est point sa naissance qui a fait taire les oracles. C’est ici un de ces cas où la moindre exception ruine la proposition générale.

Mais peut-être les démons, à la naissance de Jésus-Christ, ont cessé de rendre des oracles, et les oracles n’ont pas laissé de continuer, parce que les prêtres les ont contrefaits.

Cette proposition serait sans aucun fondement. Je prouverai que les oracles ont duré quatre cents ans après Jésus-Christ. On n’a remarqué aucune différence entre ces oracles qui ont suivi la naissance de Jésus-Christ et ceux qui l’avaient précédée. Si les prêtres ont si bien fourbe pendant quatre cents ans, pourquoi ne l’ont-ils pas toujours fait ?

Un des auteurs païens qui ont le plus servi à faire croire que les oracles avaient cessé à la venue de Jésus-Christ, c’est Plutarque. Il vivait quelque cent ans après Jésus-Christ, et il a fait un dialogue sur les oracles qui avaient cessé. Bien des gens, sur ce titre seul, ont formé leur opinion et pris leur parti. Cependant Plutarque excepte positivement l’oracle de Lébadée, c’est-à-dire de Trophonius, et celui de Delphes, où il dit qu’il fallait anciennement deux prêtresses, bien souvent trois, mais qu’alors c’était assez d’une. Du reste, il avoue que les oracles étaient taris dans la Béotie, qui en avait été autrefois une source très féconde.

Tout cela prouve la cessation de quelques oracles et la diminution de quelques autres, mais non pas la cessation entière de tous les oracles ; ce qui serait pourtant absolument nécessaire pour le système commun.