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de se prévaloir autant qu’il peut du témoignage de cet ennemi.

« Je t’apprendrai la vérité sur les oracles et de Delphes et de Claros, disait Apollon à son prêtre. Autrefois il sortit du sein de la terre une infinité d’oracles, et des fontaines, et des exhalaisons qui inspiraient des fureurs divines. Mais la terre, par les changements continuels que le temps amène, a repris et fait rentrer en elle-même, et fontaines, et exhalaisons, et oracles. Il ne reste plus que les eaux de Micale, dans les campagnes de Didyme, et celles de Claros, et l’oracle du Parnasse. »

Sur cela Eusèbe conclut, en général, que tous les oracles avaient cessé.

Il est certain qu’il y en a du moins trois d’exceptés, selon cet oracle qu’il rapporte lui-même ; mais il ne songe qu’à ce commencement qui lui est favorable, et ne s’inquiète point du reste.

Mais cet oracle de Porphyre nous dit-il quand tous ces autres oracles avaient cessé ? Point du tout. Eusèbe veut l’entendre du temps de la venue de Jésus-Christ. Son zèle est louable, mais sa manière de raisonner ne l’est pas tout à fait.

Et quand même l’oracle de Porphyre parlerait du temps de Jésus-Christ, il s’ensuivrait qu’alors plusieurs oracles cessèrent, mais qu’il en resta pourtant quelques-uns.

Eusèbe a peut-être cru que cette exception n’était rien, et qu’il suffisait que le plus grand nombre d’oracles eût cessé ; mais cela ne va pas ainsi. Si les oracles ont été rendus par des démons, que la naissance de Jésus-Christ ait condamnés au silence, nul démon n’a été privilégié. Qu’il soit resté un seul oracle après Jésus-Christ, il ne