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et dont les mouvements différents, ou servaient de réponse, ou marquaient si l’on pouvait consulter les sorts.

Un passage de Cicéron, au livre Il de la Divination, où il dit que l’on consultait les sorts de Préneste par le consentement de la Fortune, peut faire croire que cette Fortune savait aussi remuer la tête, ou donner quelque autre signe de ses volontés.

Nous trouvons encore quelques statues qui avaient cette même propriété. Diodore de Sicile et Quinte-Curce disent que Jupiter Ammon était porté par quatre-vingts prêtres dans une gondole d’or, d’où pendaient des coupes d’argent ; qu’il était suivi d’un grand nombre de femmes et de filles, qui chantaient des hymnes en langue du pays ; et que ce Dieu, porté par ses prêtres, les conduisait en leur marquant par quelques mouvements où il voulait aller.

Le dieu d’Héliopolis de Syrie, selon Macrobe, en faisait autant. Toute la différence était qu’il voulait être porté par des gens les plus qualifiés de la province, qui eussent longtemps auparavant vécu en continence, et qui se fussent fait raser la tête.

Lucien, dans le traité de la Déesse de Syrie, dit qu’il a vu un Apollon encore plus miraculeux ; car étant porté sur les épaules de ses prêtres, il s’avisa de les laisser là, et de se promener dans les airs, et cela aux yeux d’un homme tel que Lucien ; ce qui est considérable.

Je suis si las de découvrir les fourberies des prêtres païens, et je suis si persuadé qu’on est las de m’en entendre parler, que je ne m’amuserai point à dire comment on pouvait faire jouer de pareilles marionnettes.