Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/331

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus souvent sur des peaux de victimes, qui pouvaient avoir été frottées de quelque drogue qui fit son effet sur le cerveau.

Quand c’étaient les prêtres qui, en dormant sur les billets cachetés, avaient eux-mêmes les songes prophétiques, il est clair que la chose est encore plus aisée à expliquer. En vérité, il y avait du superflu dans les soins que prenaient les prêtres païens pour cacher leurs impostures. Si on était assez crédule et assez stupide pour se contenter de leurs songes et pour y ajouter foi, il n’était pas besoin qu’ils laissassent aux autres la liberté d’en avoir ; ils pouvaient se réserver ce droit à eux seuls, sans qu’on y eût trouvé à redire. De la manière dont ces peuples étaient faits, c’était leur faire trop d’honneur que de les fourber avec quelque précaution et quelque adresse. Croira-t-on bien qu’il y avait dans l’Achaïe un oracle de Mercure qui se rendait de cette sorte ? Après beaucoup de cérémonies, on parle au dieu à l’oreille, et on lui demande ce qu’on veut. Ensuite on se bouche les oreilles avec les mains ; on sort du temple, et les premières paroles qu’on entend au sortir de là, c’est la réponse du dieu. Encore, afin qu’il fût plus aisé de faire entendre, sans être aperçu, telles paroles qu’on voudrait, cet oracle ne se rendait que le soir.


CHAPITRE XVI

Ambiguïté des oracles.

Un des plus grands secrets des oracles, et une des choses qui marquent autant que les hommes s’en mêlaient,