Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée

été estimés parce qu’ils parlaient du ventre. Que les secrets des temples des Égyptiens et que la nécromancie des Étrusques demeurent dans les ténèbres ; toutes ces choses ne sont certainement que des impostures extravagantes et de pures tromperies pareilles à celle des jeux de dés. Les chèvres qu’on a dressées à la divination et les corbeaux qu’on a instruits à rendre des oracles ne sont pour ainsi dire que les associés de ces charlatans qui fourbent tous les hommes. »

Eusèbe, au commencement du quatrième livre de sa Préparation évangélique, propose dans toute leur étendue les meilleures raisons qui soient au monde pour prouver que tous les oracles ont pu n’être que des impostures, et ce n’est que sur ces mêmes raisons que je prétends m’appuyer dans la suite, quand je viendrai au détail des fourberies des oracles.

J’avoue cependant que, quoique Eusèbe sût si bien tout ce qui pouvait empêcher qu’on les crût surnaturels, il n’a pas laissé de les attribuer aux démons, et il semble que l’autorité d’un homme si bien instruit des raisons des deux partis est d’un grand préjugé pour le parti qu’il embrasse.

Mais remarquez qu’Eusèbe, après avoir fort bien prouvé que les oracles ont pu n’être que des impostures des prêtres, assure, sans détruire ni affaiblir ses premières preuves, qu’ils ont pourtant été le plus souvent rendus par des démons. Il fallait qu’il apportât quelque oracle non suspect et rendu dans de telles circonstances, que, quoique beaucoup d’autres pussent être imputés à l’artifice des prêtres, celui-là n’y pût jamais être imputé ; mais c’est ce qu’Eusèbe ne fait point du