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traite avec les hommes, par le moyen des anges, ce n’est pas à dire que les anges soient nécessaires pour cette communication, ainsi que Platon le prétendait ; Dieu les y emploie pour des raisons que la philosophie ne pénétrera jamais, et qui ne peuvent être parfaitement connues que de lui seul.

Selon l’idée que donne la comparaison des triangles, on voit que Platon avait imaginé les démons, afin que, de créature plus parfaite en créature plus parfaite, on montât enfin jusqu’à Dieu, de sorte que Dieu n’aurait que quelques degrés de perfection par-dessus la première des créatures. Mais il est visible que, comme elles sont toutes infiniment imparfaites à son égard, parce qu’elles sont toutes infiniment éloignées de lui, les différences de perfection qui sont entre elles disparaissent dès qu’on les compare avec Dieu : ce qui les élève les unes au-dessus des autres, ne les approche pourtant pas de lui.

Ainsi, à ne consulter que la raison humaine, on n’a besoin de démons, ni pour faire passer l’action de Dieu jusqu’aux hommes, ni pour mettre entre Dieu et nous quelque chose qui approche de lui, plus que nous ne pouvons en approcher.

Peut-être Platon lui-même n’était-il pas aussi sûr de l’existence de ses démons que les platoniciens l’ont été depuis. Ce qui me le fait soupçonner, c’est qu’il met l’Amour au nombre des démons ; car il mêle souvent la galanterie avec la philosophie, et ce n’est pas la galanterie qui lui réussit le plus mal. Il dit que l’Amour est fils du dieu des richesses et de la pauvreté ; qu’il tient de son père la grandeur de courage, l’élévation des pensées, l’inclination à donner, la prodigalité, la