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Aussi y a-t-il bien de l’apparence que les disputes des chrétiens et des païens étaient en cet état, lorsque Porphyre avouait si volontiers que les oracles étaient rendus par de mauvais démons. Ces mauvais démons lui étaient d’un double usage. Il s’en servait, comme nous avons vu, à rendre inutiles, et même désavantageux à la religion chrétienne, les oracles dont les chrétiens prétendaient se parer ; mais, de plus, il rejetait sur ces génies cruels et artificieux toute la folie et toute la barbarie d’une infinité de sacrifices que l’on reprochait sans cesse aux païens.

C’est donc attaquer Porphyre jusque dans ses derniers retranchements ; et c’est prendre les vrais intérêts du christianisme, que de soutenir que les démons n’ont point été les auteurs des oracles.


CHAPITRE VI

Que les démons ne sont pas suffisamment établis par le paganisme.

Dans les premiers temps, la poésie et la philosophie étaient la même chose ; toute sagesse était renfermée dans les poèmes. Ce n’est pas que par cette alliance la poésie en valût mieux, mais la philosophie en valait beaucoup moins. Homère et Hésiode ont été les premiers philosophes grecs, et de là vient que les autres philosophes ont toujours pris fort sérieusement ce qu’ils avaient dit, et ne les ont cités qu’avec honneur.

Homère confond le plus souvent les dieux et les démons ; mais Hésiode distingue quatre espèces de natures raisonnables : les dieux, les démons, les demi-dieux ou héros, et les hommes. Il va plus loin, il marque la durée