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le miracle même par une longue suite de recherches et de raisonnements.

Voilà comment s’établit, dans les premiers siècles de l’Église, l’opinion qu’on y prit sur les oracles des païens. Je pourrais aux trois raisons que j’ai apportées, en ajouter une quatrième, aussi bonne peut-être que toutes les autres ; c’est que dans le système des oracles rendus par les démons, il y a du merveilleux ; et si on a un peu étudié l’esprit humain, on sait quelle force le merveilleux a sur lui. Mais je ne prétends pas m’étendre sur cette réflexion : ceux qui y entreront m’en croiront bien, sans que je me mette en peine de la prouver, et ceux qui n’y entreront pas, ne m’en croiraient pas peut-être après toutes mes preuves.

Examinons présentement, l’une après l’autre, les raisons qu’on a eues de croire les oracles surnaturels.


CHAPITRE IV

Que les histoires surprenantes qu’on débite sur les oracles doivent être fort suspectes.

Il serait difficile de rendre raison des histoires et des oracles que nous avons rapportés, sans avoir recours aux démons ; mais aussi tout cela est-il bien vrai ? Assurons-nous bien du fait, avant que de nous inquiéter de la cause. Il est vrai que cette méthode est bien lente pour la plupart des gens qui courent naturellement à la cause, et passent par-dessus la vérité du fait ; mais enfin nous éviterons le ridicule d’avoir trouvé la cause de ce qui n’est point.

Ce malheur arriva si plaisamment sur la fin du siècle