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temps ont été rendus les derniers dont nous ayons connaissance.

Mais nous n’avons garde de permettre que la décision des choses soit si facile : nous y faisons entrer des préjugés qui y forment des embarras bien plus grands que ceux qui s’y fussent trouvés naturellement ; et ces difficultés, qui ne viennent que de notre part, sont celles dont nous avons nous-mêmes le plus de peine à nous démêler.

L’affaire des oracles n’en aurait pas, à ce que je crois, de bien considérables, si nous ne les y avions mises. Elle était de sa nature une affaire de religion chez les païens ; elle en est devenue une sans nécessité chez les chrétiens ; et de toutes parts on l’a chargée de préjugés qui ont obscurci des vérités fort claires.

J’avoue que les préjugés ne sont pas communs d’eux-mêmes à la vraie et aux fausses religions. Ils règnent nécessairement dans celles qui ne sont l’ouvrage que de l’esprit humain : mais dans la vraie, qui est un ouvrage de Dieu seul, il ne s’y en trouverait jamais aucun, si ce même esprit humain pouvait s’empêcher d’y toucher et d’y mêler quelque chose du sien. Tout ce qu’il y ajoute de nouveau, que serait-ce que des préjugés sans fondement ? Il n’est pas capable d’ajouter rien de réel et de solide à l’ouvrage de Dieu.

Cependant ces préjugés, qui entrent dans la vraie religion, trouvent, pour ainsi dire, le moyen de se faire confondre avec elle, et de s’attirer un respect qui n’est dû qu’à elle seule. On n’ose les attaquer, de peur d’attaquer quelque chose de sacré. Je ne reproche point cet excès de religion, je les en loue, mais enfin,