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PRÉFACE.

J’avoue que j’en ai été un peu fâché ; cependant je me suis consolé par la lecture du chap. XXI du livre II de cette Méthode, où je n’ai trouvé que dans l’article XIX, en assez peu de paroles, ce qui me pouvait être commun avec lui. Voici comme il parle : « La véritable raison du silence imposé aux oracles, était que par l’incarnation du verbe divin, la vérité éclairait le monde, et y répandait une abondance de lumières toute autre qu’auparavant. Ainsi, on se détrompait des illusions des augures, des astrologues, des observations des entrailles des bêtes, et de la plupart des oracles, qui n’étaient effectivement que des impostures où les hommes se trompaient les uns les autres par des paroles obscures et à double sens. Enfin, s’il y avait des oracles où les démons donnaient des réponses, l’avènement de la vérité incarnée avait condamné à un silence éternel le père du mensonge. Il est au moins bien certain qu’on consultait les démons lorsqu’on avait recours aux enchantemens et à la magie, comme Lucain le rapporte du jeune Pompée, et comme l’Écriture l’assure de Saül. » Je conviens que, dans un gros traité où l’on ne parle des oracles que par occasion, très brièvement et sans aucun dessein d’approfondir la matière, c’est bien en dire assez que d’attribuer la plupart des oracles à l’imposture des hommes, de révoquer en doute s’il y en a eu ou les démons aient eu part, de ne donner une fonction certaine aux démons que dans les enchantemens et dans la magie, et enfin de faire cesser les oracles, non pas précisément parce que le fils de Dieu leur imposa silence tout d’un coup, mais parce que les esprits plus éclairés par la publication de