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et très naturelle, fut assez tardive. On avait vu aussi que le travail d’aller chercher les plantes dans les campagnes était immense, et qu’il serait d’une extrême commodité d’en rassembler le plus grand nombre qu’il se pourrait dans quelque jardin, qui deviendrait le livre commun de tous les étudians, et le seul livre infaillible. Ce fut dans cette vue que Henri IV fit construire à Montpellier, en 1698, le jardin des plantes, dont l’utilité se rendit bientôt très sensible, et qui donna un nouveau lustre à la faculté de médecine de cette ville. De la Brosse, piqué d’une louable jalousie pour les intérêts de la capitale, obtint du roi Louis XIII, par un édit de 1626, que Paris aurait le même avantage. Il fut fait intendant de ce jardin, dont il était proprement le fondateur. Il passa ensuite dix ans à disposer le lieu tel qu’il est présentement, à en faire les bâtimens, à y rassembler des plantes au nombre de plus de deux mille. Il y logeait, et il avait chez lui madame Fagon sa nièce, lorsqu’elle mit au monde M. Fagon. Deux ans après sa naissance, c’est-à-dire en 1640, de la Brosse fit l’ouverture du jardin royal pour la démonstration publique des plantes. Ainsi, Fagon naquit, et dans le jardin royal, et presque en même temps que lui.

Les premiers objets qui s’offrirent à ses yeux, ce furent des plantes ; les premiers mots qu’il bégaya, ce furent des noms de plantes : la langue de la botanique fut sa langue maternelle. À cette première habitude se joignit un goût naturel et vif ; sans quoi le jardin eût été inutile. Après ses études faites avec beaucoup d’application et de succès, ce goût fortifié encore par l’exemple et les conseils de M. de la Brosse, le déter-