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quelques progrès, il fallait reprendre cette ancienne façon de s’instruire.

Il séjourna trois ans à Montpellier, pensionnaire de Verchant, maître apothicaire, chez qui il eut la commodité de travailler, et, ce qui est plus considérable, l’avantage de donner des leçons à quantité de jeunes étudians qu’avait son hôte. Il ne manqua pas de profiter beaucoup de ses propres leçons, et en peu de temps elles attirèrent tous les professeurs de la faculté de médecine et les curieux de Montpellier, car il avait déjà des nouveautés pour les plus habiles. Quoiqu’il ne fût point docteur, il pratiqua la médecine dans cette ville, où de tout temps elle a été si bien pratiquée ; sa réputation fut son titre.

Après avoir fait le tour entier de la France, il revint à Paris en 1672. Il y avait encore alors des conférences chez divers particuliers. Ceux qui avaient le goût des véritables sciences, s’assemblaient par petites troupes, comme des espèces de rebelles qui conspiraient contre l’ignorance et les préjugés dominans. Telles étaient les assemblées de l’abbé Bourdelot, médecin du prince le grand Condé, et celles de Justel. Lemery parut à toutes, et y brilla. Il se lia avec Martin, apothicaire du prince ; et profitant du laboratoire qu’avait son ami à l’hôtel de Condé, il y fit un cours de chimie qui lui valut bientôt l’honneur d’être connu et fort estimé du prince chez qui il travaillait. Il fut souvent mandé à Chantilly, où le héros, entouré de gens d’esprit et de savans, vivait comme aurait fait César oisif.

Lemery voulut enfin avoir un laboratoire à lui, et indépendant. Il pouvait également se faire recevoir docteur en médecine, ou maître apothicaire. La chimie le