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laissé deux filles, Me la Comtesse de Villebertin, et Me la Marquise d’Ussé.

Si l’on veut voir toute sa Vie militaire en abregé, il a fait travailler à 300 Places anciennes, et en a fait 33 neuves ; il a conduit 53 Sièges, dont 30 ont été faits sous les Ordres du Roi en personne, ou de Monseigneur, ou de Monseigneur le Duc de Bourgogne, et les 23 autres sous differens Generaux ; il s’est trouvé à 140 actions de vigueur.

Jamais les traits de la simple Nature n’ont été mieux marqués qu’en lui, ni plus exempts de tout mêlange étranger. Un sens droit et étendu, qui s’attachoit au Vrai par une espece de Simpatie, et sentoit le Faux sans le discuter, lui epargnoit les longs circuits par où les autres marchent, et d’ailleurs sa Vertu étoit en quelque sorte un instinct heureux, si prompt qu’il prevenoit sa raison. Il méprisoit cette politesse superficielle dont tout le monde se contente, et qui couvre souvent tant de barbarie, mais sa bonté, son humanité, sa liberalité lui composoient une politesse plus rare, qui étoit toute dans son cœur. Il seyoit bien à tant de vertu de negliger des dehors, qui, à la vérité lui appartiennent naturellement, mais que le vice emprunte avec trop de facilité. Souvent M.le Maréchal de Vauban a secouru de sommes assés considerables des Officiers qui n’étoient pas en état de soûtenir le service, et quand on venoit à le sçavoir, il disoit qu’il prétendoit leur restituer ce qu’il recevoit en trop des bienfaits du Roi. Il en a été comblé pendant tout le cours d’une longue vie, et il a eu la gloire de ne laisser en mourant qu’une fortune mediocre. Il étoit passionnément attaché au Roi, Sujet plein