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l’esprit fertile en réflexions, et que ses lectures et ses expériences lui en fournissaient incessamment des sujets, il composa sa Nouvelle pratique des maladies aiguës, et de toutes celles qui dépendent de la fermentation des liqueurs. Cet ouvrage parut en 1698.

Je le connus en ce temps-là, et conçus beaucoup d’estime pour lui. J’avais l’honneur d’être de l’académie des sciences, et j’étais en droit de nommer un élève. Je crus ne pouvoir faire un meilleur présent à la compagnie, que Tauvry ; et quoique ma nomination ne fût pas assez honorable pour lui, l’envie qu’il avait d’entrer dans cet illustre corps l’empêcha d’être si délicat sur la manière d’y entrer.

En 1699, le roi honora l’académie d’un nouveau règlement, et nomma en même temps plusieurs académiciens nouveaux, ou avança les anciens. Ce fut alors que Tauvry passa de la place d’élève à celle d’associé.

Aussitôt après il s’engagea contre Méry dans la fameuse dispute de la circulation du sang dans le fœtus, et à cette occasion il fit son Traité de la génération et de la nourriture du fœtus, qui fut publié en 1700.

Cette dispute contribua peut-être à la maladie dont il est mort ; car comme il avait en tête un grand adversaire, il fit de grands efforts de travail, et prit beaucoup sur son sommeil, pour étudier à fond la matière dont il s’agissait, et pour composer son livre, sans interrompre cependant la pratique de sa profession.

Quoi qu’il en soit, une disposition naturelle qu’il avait à être asthmatique augmenta vers le commencement de cette année, et il est mort d’une phthisie au mois de février 1701, âgé de trente-un ans et demi.

Il paraît assez par tout ce qui vient d’être rapporté