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ŒUVRES DE FONTANES.

« Connais d’eux et les grains faits pour ta nourriture,
« Et l’herbe aux sucs heureux qui guérit la blessure.
« Cueille au buisson le fruit becqueté par l’oiseau ;
« Vois le ver en fils d’or arrondir son réseau ;
« Qu’il t’enseigne à filer : contemple la merveille
« Des alcôves de cire où se loge l’abeille ;
« Apprends d’elle à bâtir : que de fois, par son art,
« Elle a du géomètre étonné le regard !
« À labourer les champs la taupe va t’instruire.
« Veux-tu tenter les flots ? imite ce navire
« Où le frôle nautile, en pilote savant,
« Seul gouverne et la voile, et la rame et le vent.
« De ces tribus sans nombre observe la usages ;
« Leur police et leurs lois étonneront tes sages :
« Là, des sociétés s’offrent tous les tableaux ;
« Des cités dans les airs flottent sur ces rameaux ;
« Sous tes pieds les fourmis, sages républicaines,
« Transforment en greniers des villes souterraines :
« Un magasin public enferme tous leurs biens.
« De ce modeste État les libres citoyens,
« Échappant au danger qui suit l’indépendance,
« Partagent, sans combat, leur commune abondance
« L’abeille, non moins sage, obéit à des rois,
« De la propriété respecte tous les droits,
« Jouit de son travail, et sans cesse accumule
« Le trésor séparé qui remplit sa cellule.
« De ces peuples divers rien ne trouble la paix ;
« Leur code est infaillible, et subsiste à jamais ;
« Je le verrai bientôt, avec plus d’artifice,
« Dans les fils de les lois égarer la justice ;