Ainsi du monde entier chaque membre se lie.
Le Dieu dont la nature en secret est remplie,
Protége également les êtres inégaux,
Joint l’animal à l’homme, et l’homme aux animaux ;
Tout sert, tout est servi ; la chaîne universelle
S’étend sans intervalle : à quel point finit-elle ?
Homme insensé ! crois-tu que des Cieux bienfaisants
Sur toi seul ici-bas descendent les présents ?
Non ; Dieu jette partout ses regards équitables.
Ces animaux nourris pour nos jeux et nos tables,
Le faon aux bonds légers, le chevreuil et le daim,
Dans tes parcs verdoyants ont aussi leur jardin,
La terre aussi pour eux est de fleurs émaillée.
Crois-tu que de son nid l’alouette éveillée,
Pour te plaire, en chantant, monte au plus haut des airs ?
Le plaisir, dans la nue, anime ses concerts :
Il enfle, et fait frémir le duvet de son aile.
Le rossignol pour toi, dans la saison nouvelle,
Vient-il charmer la nuit de son hymne touchant ?
Il palpite d’amour, l’amour note son chant.
Sous son pompeux harnais le coursier intrépide
Ressent et le plaisir et l’orgueil de son guide ;
Il a part, sous la tente, à l’honneur du guerrier.
L’oiseau réclame un gain de ton riche grenier ;
L’épi fécond te reste, et la paille légère
Du bœuf, ton compagnon, est le juste salaire.
Souverain prétendu ! c’est toi dont la fierté
Du stupide pourceau nourrit l’oisiveté.
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ŒUVRES DE FONTANES.