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ŒUVRES DE FONTANES.

L’homme de deux pouvoirs suit la force contraire.


Plus on relit ce parallèle de la raison et de l’amour-propre, plus on s’étonne que la poésie ait embelli une philosophie aussi profonde.

Elle change de nom et devient la vertu, etc.


Cette définition de la simple probité et de la vertu me parait sublime : ces six vers contiennent plus d’idées que des volumes entiers de morale.

Le morceau suivant est un de ceux où l’abbé du Resnel s’est le plus élevé :

Que le stoïcien, se croyant insensible,
Travaille follement à se rendre impassible ;
Que sa fausse vertu, sans force et sans chaleur,
Reste sans action concentrée en son cœur.
Loin qu’un trouble naissant l’épouvante et l’arrête,
Elle met à profit une utile tempête.
La vie est une mer, où, sans cesse agités,
Par de rapides flots nous sommes emportés.
La raison, que du ciel nous eûmes en partage,
Devient notre boussole au milieu de l’orage ;
Et son flambeau divin, prompt à nous éclairer,
À travers les écueils peut seul nous rassurer ;
Mais de nos passions les mouvements contraires,
Sur ce vaste océan sont des vents nécessaires.
Dieu lui-même, Dieu sort de son profond repos ;
Il monte sur les vents, il marche sur les flots.


Ces vers, hormis les quatre premiers, qui sont faibles et prosaïques, ont de l’élégance et de l’harmonie : ils sont fort supérieurs au style ordinaire de l’abbé du Resnel. Ces vers, et quelques autres répandus dans le reste de sa traduction, pourraient persuader, comme on l’a cru